lundi 20 janvier 2014

L'Entourloupe du Mot

Je vais vous faire une confidence : J'aime pas vraiment qu'on m'impose une ligne redactionnelle. 
Pour moi, ecrire, c'est se livrer, s'abandonner a une logique qui n'appartient qu'a soit. Puis on a un outil fantastique : les mots.
Ils nous permettent tout, ont un pouvoir dont on ne mesure que raremement les conséquences, chacun ayant un prisme qui lui permet d'interpreter les mots parfois si loin de ce que l'auteur imaginait.
Comment, "une eclosion de bourgeons" peut se transformer dans l'imaginaire comme "une arabesque toute en couleurs, fluide, aérienne" ?
Comment la simple evocation du mot "fougasse" nous permet de vivre ces odeurs de pain chaud, cette odeur d'oignon mettant la salive aux comissures des levres, ce gout d'olive satisfaisant les papilles..
C'est fou, c'est remarquable : un mot, une emotion !
"Lola n'etait pas une amante, c'etait une communion avec l'amour. A chaque orgasme, c'etait l'ecran noir, une constellation d'etoiles dans le regard, la petite mort.."
On peut tout dire, on peut saisir tout le monde. "Persiennes" prend tout un sens et son contraire selon si c'est Honoré de Balzac ou Noir Désir qui l'utilise.
Puis c'est un peu magique, ces mots qu'on ne comprend que dans le cadre d'une phrase telle que " Elle savait qu'il etait la, qu'il etait sous la couette, peut etre avec Lola" (oui parceque je ne vous ait pas dit, mais Lola est quand meme legerement coquine sur les bords. Voir prete a se faire reluire dans le premier café venu, aussi élitiste soit elle sur ses partenaires. C'est la le paradoxe, mais bon, lorsqu'on fait parti des élus, on prefere vivre ce reve que de se poser des questions.) "Elle ne souhaitait pas rester sur le carreaux : Lola et lui dans un lit douillet, il fallait qu'elle entre, qu'elle participe, qu'elle voit, qu'elle se donne.. Elle comptait tintinnabuler avec cette sonnette jusqu'a ce qu'on lui ouvre !" (c'est pas faux)
Ca me fait d'ailleurs penser qu'il fut un temps ou j'etais reponsable sur une tournée. Je partais avec des animateurs, des techniciens, on montait un village pour enfants sur une nouvelle plage tous les 2 ou 3 jours. C'etait fun. On avait bien accroché avec les anims et ces derniers etaient au top avec les gamins. Ils avaient d'ailleurs créé une chorégraphie, des que je sentais le truc les anims quittaient les ateliers (c'etait une tournée a vocation ludique), je leur filait un micro pour passer sur le systeme son du village et ils devaient me faire un signal pour lancer la musique apres le speach qui expliquait aux vacanciers ce qu'ils devaient faire. Afin de ne pas avoir perpetuellement le meme signal (la tournée durait 2 mois, fallait se renouveler..) je leur trouvait un mot a dire au micro dans le cadre d'une phrase normal (on avait parfois 100 gamins et leur parents a l'ecoute, fallait que ça passe "creme").
Alors pour que ça soit ludique aussi pour nous a la technique, on donnait des mots comme "Nycthémère" ou "paraskevidékatriaphobie".. S'ils le vivaient parfois comme une sentence, nos anims etaient des amoureux du Mot, et heureusement ^^.
Et les différences entre les frontieres, les cultures, les geographies.. Au pole nord, les Inuits n'ont pas moins de 50 mots pour parler de la neige, de quoi influencer l'alterité mentale d'un meridionnal ne l'ayant jamais meme vue. Pour un méridional, le froid, la glace.. c'est en cubes dans un pastis. 
Pour ma part j'ai un vrai faible pour les traits d'esprits. J'attribuerais la palme du Mot a San-Antonio Aka Frederique Dard, l'auteur qui sait te provoquer un fou rire au point de te faire oublier que tu es dans une first class silencieuse reliant Paris à Strasbourg ou sur un banc au milieu d'un trottoir dans ce temple boudiste..
La métaphore est quelque chose de puissant, "militaire pomme de terre", pour avoir été l'un et avoir pu évaluer des ma premiere frite le Q-I de l'autre, je trouve la formule riche de bon sens.
"Casse moi tout la dedans j'veux plus rien reconnaitre" ou "vient tremper le boudoir dans ta Charlotte" ne méritent finalement pas d'explication. Surtout lorsque c'est Charlotte qui demande.


Charlotte aux feintes




Sinon, c'etait surtout parceque j'ai lu Marie tro et que finalement, pourquoi ne pas placer ces mots dans un texte ?


Pomme de terre Tintinnabuler Éclosion Couleurs Boudoir Arabesque Reluire Altérité Sentence Glace Constellation Fougasse Confidence Logique Rêve Paradoxe Persienne Palme Trottoir Émotion Pôle Entourloupe Nycthémère Café Perpétuellement


1 commentaire:

  1. Jeux de mots drolatiques :) Et puis ce mot de phobie aussi fou que Nycthémère, bien trouvé :))

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